Tout savoir sur l’agnosie : définitions, origines, caractéristiques et traitements

Avez-vous déjà entendu parler de l’agnosie ?
Il s’agit d’un trouble de la reconnaissance qui survient généralement chez nos aînés. Ce trouble est particulièrement invalidant au quotidien car il peut empêcher nos papis et nos mamies de reconnaître certaines informations de leur environnement comme des objets, une odeur ou un visage par exemple. 

Pour vous aider à mieux comprendre les déficiences de votre proche, nous vous proposons un tour d’horizon détaillé sur les différents types d’agnosie existants.  

Un peu de définition :
Qu’est-ce que l’agnosie ?

L’agnosie est un trouble de la reconnaissance qui peut affecter n’importe quel sens comme la vue, l’ouïe ou encore le toucher. 
Par exemple, lorsque le trouble de la reconnaissance affecte la vue, on parle d’agnosie visuelle. Elle peut alors empêcher la personne de reconnaître des objets ou des visages.
Lorsque le trouble de la reconnaissance affecte l’ouïe, on parle plutôt d’agnosie auditive. Dans ce cas, elle peut empêcher la personne de reconnaître des sons ou des voix.  
Lorsque le trouble de la reconnaissance affecte le toucher, on parle d’agnosie tactile. Dans ce cas, elle peut empêcher la personne de reconnaître des objets, des textures ou des formes par simple palpation. 
Ainsi, différents types d’agnosie existent selon la modalité sensorielle qui est affectée. 

Il faut bien comprendre que même si les organes sensoriels (yeux, nez, bouche, oreilles, peau) fonctionnent normalement, la mémoire sensorielle, elle, semble dysfonctionner
L’agnosie n’est donc pas causée par un problème se situant au niveau des organes sensoriels (la personne agnosique perçoit toujours les différents stimuli que ce soit par la vue, le toucher, l’ouïe, l’odorat ou encore le goût) mais bien par une lésion se situant au sein du cerveau : la personne agnosique ne parvient plus à traiter les informations sensorielles perçues.

💡 Bon à savoir
L’apparition d’une agnosie n’est jamais le fruit du hasard : elle dépend de l’aire sensorielle et/ou associative du cerveau qui est touchée par une lésion. 

▪ Une aire sensorielle est une partie du cerveau qui est reliée aux organes sensoriels (yeux, nez, bouche, oreilles, peau).

▪ Une aire associative quant à elle est une partie du cerveau qui reçoit des informations de plusieurs aires sensorielles à la fois. Elle a donc pour fonction de mettre en relation ces différentes informations afin de procéder à une interprétation de l’environnement

Ainsi, si la lésion se situe :

  • dans les aires sensorielles et/ou associatives situées au niveau du lobe temporal, l’agnosie pourra concerner les sens suivants : l’ouïe, le goût ou l’odorat. Dans ce cas, la personne pourra éprouver des difficultés à reconnaître des sons (agnosie auditive), des saveurs (agnosie gustative) ou des odeurs (agnosie olfactive)
  • dans les aires sensorielles et/ou associatives situées au niveau du lobe pariétal, l’agnosie pourra concerner le toucher. Dans ce cas, la personne pourra éprouver des difficultés à reconnaître des objets par une simple palpation (agnosie tactile) ou des difficultés à percevoir sa propre sensibilité corporelle (asomatognosie)
  • dans les aires sensorielles et/ou associatives situées au niveau du lobe occipital, l’agnosie pourra concerner la vue. Dans ce cas, la personne pourra éprouver des difficultés à reconnaître visuellement des objets (agnosie visuelle) ou des espaces (agnosie spatiale).

💡 Bon à savoir
Généralement, les troubles agnosiques ne concernent qu’un seul sens à la fois. Les troubles de la reconnaissance les plus fréquents sont les agnosies auditives, visuelles et tactiles.

Quelles sont les origines
de l’agnosie ?

Dans les faits, il semblerait que l’agnosie soit due à des lésions cérébrales se situant dans les régions du cerveau qui assurent les fonctions d’interprétation et de mémorisation sensorielle.
Ces lésions cérébrales ont pu être induites par : 

  • un accident vasculaire cérébral (AVC) qui se caractérise par un problème de circulation sanguine dans le cerveau suite à vaisseau sanguin bouché (AVC ischémique) ou rompu (AVC hémorragique)
  • une tumeur cérébrale qui se caractérise par l’apparition et la multiplication de cellules anormales dans le cerveau ; 
  • un traumatisme crânien qui se caractérise par un choc au niveau de la boîte crânienne du cerveau  ; 
  • un abcès cérébral qui se caractérise par une infection (poche de pus) à l’intérieur du cerveau ;
  • un trouble neurologique comme une forme de démence telle que la maladie d’Alzheimer ou ses troubles apparentés.

Quels sont les différents types d’agnosie ?

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#1. L’agnosie visuelle

Dans le cadre de l’agnosie visuelle, la personne n’est plus capable de reconnaître certains visages, objets et signes pourtant familiers bien qu’elle puisse les voir. Cependant, elle peut parvenir à reconnaître la personne ou l’objet par le biais du toucher, de l’odorat ou de l’audition.
Comme nous l’avons vu précédemment, ce trouble de la reconnaissance n’est pas lié à une réduction de l’acuité visuelle mais bien à une lésion située au sein du lobe occipital
Il est possible de distinguer plusieurs sous-types d’agnosie visuelle :

L’agnosie associative des couleurs

Elle se caractérise par une incapacité à distinguer et à nommer les couleurs des objets et une difficulté à associer une couleur particulière (par exemple le jaune) à des objets précis (par exemple le poussin ou la banane).

L’achromatopsie (ou agnosie perceptive des couleurs)

Elle se caractérise par une difficulté à distinguer les différentes teintes de couleurs entre elles. Cependant, elle ne doit pas être confondue avec le daltonisme, dont l’origine est liée à une anomalie génétique des cônes (photorécepteurs) situés dans la rétine.

La prosopagnosie (ou agnosie des visages)

Elle se caractérise par une difficulté à reconnaître des visages familiers. La personne est en mesure de voir chaque partie du visage (le nez, la bouche, les yeux, …) mais elle ne réussit pas à les assembler afin de reconnaître le visage qui est face à elle. Ainsi, la personne peut également avoir des difficultés à identifier le sexe, l’âge mais aussi l’expression faciale de son interlocuteur. Cependant, elle pourra le reconnaître grâce à sa voix, son odeur ou encore ses vêtements par exemple. 
Cette agnosie implique généralement les visages des personnes proches mais peut également concerner son propre visage

La simultagnosie

Elle se caractérise par une incapacité à interpréter une scène dans sa totalité mais également à voir plus d’un objet à la fois ou plus d’une partie d’un objet à la fois

L’agnosie visuelle aperceptive

Elle se caractérise par une incapacité à reconnaître, à synthétiser et à construire la perception visuelle correcte et complète de l’objet qui est observé. On peut distinguer plusieurs formes d’agnosie aperceptive : 

  • L’agnosie de la forme : lorsqu’elle observe un objet, la personne n’est pas en mesure de comprendre les longueurs, les distances et les orientations. Par exemple, la personne se trouve dans l’incapacité d’effectuer une distinction entre un carré et un cercle. 
  • L’agnosie intégrative : lorsqu’elle observe un objet, la personne ne peut traiter que les aspects locaux des formes. Elle n’est pas en mesure de les associer entre elles pour en faire un objet cohérent. 
  • L’agnosie de transformation : lorsqu’elle observe un objet, la personne n’est pas capable d’expliquer à quoi ressemblerait cet objet si elle se situait dans un autre angle de vue.  

L’agnosie visuelle associative

Elle se caractérise par une incapacité à nommer les aspects fonctionnels d’un objet (appartenance à la catégorie, connaissances sur l’objet) alors que ses aspects morphologiques ont bien été reconnus. Par exemple, la personne parvient à reconnaître une cafetière mais n’est pas en mesure d’expliquer à quoi cet objet peut servir. 
La personne peut également éprouver des difficultés à réaliser le dessin d’un objet sur la base de la mémoire, ce qui témoigne d’une difficulté à accéder aux images mentales.

L’alexie agnosique

Elle se définit comme une incapacité à reconnaître les lettres et les mots lorsqu’ils sont à l’écrit. Ainsi, même si la personne parle et écrit normalement, elle ne parvient pas à lire. On peut distinguer : 

  • L’alexie verbale : la personne parvient à lire les lettres, mais pas les mots.
  • L’alexie littérale : la personne parvient à lire les mots, mais pas les lettres. 
  • L’alexie phrastique : la personne ne peut lire les phrases que partiellement. Comme certains mots ne peuvent être lus, le sens des phrases n’est pas compris. 

L’akinétopsie (ou agnosie visuelle du mouvement)

Elle se traduit par une incapacité à distinguer les mouvements d’un objet. Ainsi, la personne qui souffre d’akinétopsie n’observe que des « arrêts sur image », d’une durée de plusieurs secondes au cours desquels l’objet lui semble immobile. 
Souffrir d’akinétopsie peut dans certains cas s’avérer extrêmement dangereux. Par exemple, la personne peut avoir l’impression qu’une voiture est arrêtée au loin alors qu’elle se trouve en mouvement à quelques centimètres d’elle. 


#2. L’agnosie auditive

Dans le cadre de l’agnosie auditive, la personne n’est pas capable de reconnaître les sons, les bruits de son environnement, la parole et la musique bien qu’ils soient entendus. Ce trouble de la reconnaissance n’est pas lié à une diminution de l’acuité auditive mais bien à un problème d’interprétation des informations sensorielles auditives au sein du cerveau. L’agnosie auditive est causée par une lésion dans les aires sensorielles et/ou associatives situées dans le lobe temporal.
Il est possible de distinguer plusieurs sous-types d’agnosies auditives.  

L’agnosie des sons

Il s’agit de la difficulté à identifier et à distinguer les différents sons de l’environnement. Par exemple, la personne atteinte d’agnosie des sons peut ne pas reconnaître la sirène d’une ambulance. Elle peut également confondre les sons entre eux ou n’entendre qu’un son unique pour tous les sons perçus. 

L’amusie

Elle se caractérise par une difficulté à reconnaître les timbres de voix, les mélodies, les tonalités et les rythmes.

La surdité corticale

Elle se caractérise par une impression d’être sourd. Ainsi, la personne atteinte de surdité corticale perçoit les conversations comme si elles étaient à voix basse et l’intensité des bruits est réduite

La surdité verbale pure

Elle se caractérise par une difficulté à comprendre, répéter et écrire les sons verbaux et la langue lorsqu’elle est parlée.  

La phonagnosie

Il s’agit d’une difficulté à reconnaître les voix des personnes de son entourage ou des personnalités connues.


#3. L’agnosie olfactive

Dans le cadre de l’agnosie olfactive, la personne ne parvient plus à reconnaître les odeurs même si elle peut les sentir. 
Ce trouble de la reconnaissance est lié à un problème d’interprétation des informations sensorielles olfactives au sein du cerveau. L’agnosie olfactive est causée par une lésion dans les aires sensorielles et/ou associatives situées dans le lobe temporal du cerveau. 


#4. L’agnosie gustative

Dans le cadre de l’agnosie gustative, la personne n’est plus capable d’identifier les goûts qu’elle connaît, même si elle peut les ressentir. 
Ce trouble de la reconnaissance est dû à un problème d’interprétation des informations sensorielles gustatives au sein du cerveau. L’agnosie gustative est causée par une lésion dans les aires sensorielles et/ou associatives situées dans le lobe temporal du cerveau. 


#5. L’agnosie tactile (ou astéréognosie)

Dans le cadre de l’agnosie tactile, la personne ne parvient plus à reconnaître un objet grâce au toucher, et plus particulièrement à partir du contact avec les doigts. Ainsi, ce trouble peut concerner la forme, la matière, le volume ou encore le poids. Toutefois, lorsque la personne regarde cet objet, elle parvient à le reconnaître et à l’identifier. 
Ce trouble de la reconnaissance est lié à un problème d’interprétation des informations sensorielles tactiles au sein du cerveau. L’agnosie tactile est causée par une lésion dans les aires sensorielles et/ou associatives qui sont situées dans le lobe pariétal du cerveau. 

L’ahylognosie

Il s’agit de la difficulté à reconnaître certaines informations somesthésiques comme la matière (ou texture), le poids, la densité et la température d’un objet par le toucher.

L’amorphognosie

Il s’agit de la difficulté à reconnaître la taille, la forme et le volume d’un objet par le toucher. 


#6. L’agnosie spatiale

Dans le cadre de l’agnosie spatiale, la personne présente des difficultés à s’orienter, à se repérer à partir de données spatiales, à se souvenir des lieux et à mémoriser des itinéraires
Ce trouble de la reconnaissance est lié à un problème d’interprétation des informations sensorielles spatiales au sein du cerveau. L’agnosie spatiale est due à une lésion dans les aires sensorielles et/ou associatives situées dans le lobe occipital. Elle est fréquente chez les personnes qui souffrent de démence comme la démence à corps de Lewy. Par exemple : la personne a l’impression qu’elle est chez son fils alors qu’elle se trouve pourtant chez elle. 

L’héminéglicence

Elle se caractérise par une difficulté à prendre en considération (partiellement ou totalement) les éléments spatiaux qui se situent dans le côté opposé à la lésion cérébrale. Cette difficulté touche la vue, l’audition et le toucher
Par exemple, si la personne atteinte d’héminégligence présente une lésion dans le côté gauche du cerveau, elle ne parviendra pas à prendre en considération (par les yeux, les oreilles et la peau) tous les stimuli qui sont présents sur sa droite. 

L’héminéglicence centrée sur l’objet

Elle se caractérise par une incapacité à identifier la moitié de l’objet situé du côté opposé à la lésion.
Par exemple, si la lésion se situe du côté gauche du cerveau, alors la personne atteinte d’héminégligence centrée sur l’objet ne pourra pas identifier le côté droit de toutes les personnes ou objets présents dans la pièce. 

L’héminéglience attentionnelle

Elle se caractérise par une incapacité à voir l’ensemble des objets situés du côté opposé à la lésion. 
Par exemple, si la lésion se situe du côté gauche du cerveau, alors la personne atteinte d’héminégligence spatiale ne parviendra pas à voir l’ensemble des personnes et des objets qui se situent dans la partie droite de la pièce au sein de laquelle elle se trouve.

L’agnosie environnementale

Elle se caractérise par une difficulté à reconnaître les lieux pourtant familiers.


#7. L’asomatognosie

Dans le cadre de l’asomatognosie, la personne a des difficultés à reconnaître une partie ou la totalité de son propre corps. Ce trouble de la reconnaissance affecte le côté du corps opposé à la lésion située dans le cortex cérébral. 
L’asomatognosie est généralement due à une lésion dans les aires sensorielles et/ou associatives situées dans le lobe pariétal.

On peut distinguer deux formes d’asomatognosie : 

  • l’autotopoagnosie
    Se distingue par une incapacité à reconnaître les différentes parties de son propre corps
    Par exemple : si la lésion est à gauche, la personne aura du mal à reconnaître la partie droite de son corps)
  • l’agnosie digitale
    Se caractérise par une incapacité à reconnaître les doigts de ses mains uniquement
    Par exemple : si la lésion est à gauche, la personne aura du mal à reconnaître les doigts de sa main droite

Comment diagnostiquer
une agnosie ?

Pour établir le diagnostic d’agnosie, il est nécessaire de passer un certain nombre d’examens médicaux. Ainsi, un neurologue pourra demander à votre proche de passer : 

  • un examen clinique pour voir s’il parvient à identifier des objets familiers par les différents sens et détecter la présence d’une éventuelle maladie organique comme un trouble oculaire ou auditif ; 
  • des examens neuropsychologiques pour évaluer son raisonnement, sa mémoire, son attention, son langage, sa motivation,… ; 
  • des examens d’imagerie cérébrale comme la tomodensitométrie (TDM) et l’imagerie par résonance magnétique (IRM) afin d’identifier l’origine de ses lésions cérébrales (AVC, tumeur cérébrale, …).

Quel traitement pour soulager l’agnosie ?

Si les lésions cérébrales à l’origine de l’agnosie sont traitées, l’agnosie pourra disparaître au fil du rétablissement de votre proche. Par exemple, si votre parent souffre d’un abcès cérébral, alors il pourra être soigné à l’aide d’antibiotiques et d’une intervention chirurgicale. Lorsque ces différents soins auront permis de traiter l’abcès, votre proche ne souffrira normalement plus d’agnosie.

Hormis cette possibilité, il faut savoir qu’aucun traitement médicamenteux n’est capable de faire disparaître l’agnosie en tant que telle. 
Toutefois, certains traitements non médicamenteux comme la thérapie par la parole (proposée par un(e) orthophoniste) et l’ergothérapie (proposée par un(e) ergothérapeute) peuvent aider les personnes qui en souffrent à apaiser leurs déficiences et à rééduquer leur cerveau. 

En effet, grâce à ces thérapies, les personnes atteintes d’agnosie peuvent parvenir à : 

  • améliorer leur façon de communiquer
  • maintenir leur attention
  • apprendre des techniques pour s’orienter
  • identifier des objets ;
  • etc.
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