Considérée comme la principale forme de démence en France, la maladie d’Alzheimer touche des milliers de personnes chaque année.
Dans cet article, nous vous aidons à mieux comprendre ses différents symptômes et vous livrons quelques conseils pour améliorer le quotidien de votre proche s’il en est atteint.
Quelques éléments de définition
La maladie d’Alzheimer est une maladie neurodégénérative qui apparaît le plus fréquemment chez les personnes âgées. Elle se caractérise par une dégénérescence des neurones ainsi qu’une perte progressive des cellules nerveuses (on parle alors de « mort neuronale ») au sein du cerveau.
Comme les neurones deviennent de moins en moins nombreux, le volume de certaines régions cérébrales tend à diminuer, ce qui entraîne également le déclin d’un certain nombre de fonctions cognitives comme la mémoire, le raisonnement, l’attention, la coordination motrice ou encore le langage.
À terme, ce déclin peut aussi entraîner des répercussions importantes sur la vie quotidienne et malheureusement limiter l’autonomie de la personne qui en est atteinte.
Le saviez-vous ?
Si on associe très souvent la maladie d’Alzheimer à la perte de mémoire c’est parce que les premiers neurones atteints sont ceux situés dans l’hippocampe, une structure cérébrale considérée comme le siège de la mémoire au sein du cerveau. Progressivement, le déclin entraîné par la maladie d’Alzheimer s’étend aussi à d’autres régions cérébrales qui jouent un rôle important dans les capacités d’orientation, de raisonnement ou encore de langage.
L’Alzheimer en chiffres
En France, l’Alzheimer est la maladie neurodégénérative qui est la plus fréquente. En 2015, c’est plus de 900 000 personnes atteintes qui ont été recensées sur notre territoire. Aujourd’hui, on estime que ce chiffre va probablement doubler d’ici 2050.
En effet, chaque année en France, c’est environ 225 000 nouveaux cas qui sont répertoriés, soit environ un cas toutes les 3 minutes. Parmi eux, 2 malades sur 3 sont des femmes.
Quels sont les symptômes de la maladie d’Alzheimer ?
Les premiers symptômes de la maladie : les troubles de la mémoire
La plupart du temps, les premiers symptômes de la maladie d’Alzheimer sont des troubles de la mémoire à court terme. Peu à peu, les troubles peuvent s’étendre à la mémoire à long terme qui conserve alors des souvenirs plus anciens.
Quelle est la différence concrète entre la mémoire à court terme et la mémoire à long terme ?
La mémoire à court terme (on parle aussi de mémoire de travail) est celle qui vous permet de retenir une information pendant une courte durée, jusqu’à 30 secondes environ. C’est par exemple la mémoire que vous sollicitez lorsque vous composez un numéro de téléphone, que vous oubliez généralement quelques secondes plus tard.
La mémoire à long terme est celle qui vous permet de stocker des informations en mémoire de façon permanente, sans durée de temps limitée.
Cette mémoire à long terme est elle-même divisée en plusieurs sous-catégories dont les principales sont :
- la mémoire épisodique (ou autobiographique), qui renferme des souvenirs précis, individuels et des événements du passé comme des dates de naissance, des rencontres, des souvenirs d’enfance.
- la mémoire sémantique, qui contient des connaissances générales et partagées comme du vocabulaire, de la culture générale, une capacité à reconnaître des objets, des animaux, etc.
- la mémoire procédurale, qui comprend des capacités motrices acquises et automatiques comme le fait de savoir faire du vélo ou de nager, par exemple.
Les autres symptômes : des troubles divers
La maladie d’Alzheimer peut également être caractérisée par un certain nombre d’autres symptômes comme :
Les troubles du langage
Aussi connus sous le nom d’ « aphasie »
Ces troubles peuvent entraîner une perte totale ou partielle de la capacité à communiquer avec autrui et/ou à comprendre le langage écrit et oral. Par exemple, la personne peut avoir du mal à trouver ses mots. À terme, elle peut même utiliser des paraphasies, c’est-à-dire des mots transformés qui n’existent pas ou des mots qui existent mais qui n’ont pas de lien avec le sens du reste de la phrase. On peut aussi noter la présence d’une « dysorthographie » qui se traduit par des erreurs d’orthographe inhabituelles.
Les troubles de la gestuelle
Aussi connus sous le nom d’ « apraxie »
Ces derniers se caractérisent par une perte en coordination et en dextérité. La plupart du temps, ils entraînent des difficultés à enchaîner une suite logique de gestes comme le fait d’écrire ou encore d’utiliser certains appareils ménagers.
Les troubles de la reconnaissance
Aussi connus sous le nom d’ « agnosie »
Ils entraînent des difficultés à identifier des objets et/ou à reconnaître des visages. Bien que les fonctions sensorielles comme la vue, l’ouïe, l’odorat ou encore le toucher restent préservées, la personne se retrouve dans l’incapacité de mettre en relation ce qu’elle perçoit autour d’elle avec ses apprentissages antérieurs.
Des troubles de l’orientation spatiale et temporelle
Ils conduisent les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer à avoir des difficultés à se repérer dans le temps (qu’il s’agisse de l’année, de la saison, du mois ou encore de l’heure de la journée) et dans l’espace. La désorientation temporelle peut donner lieu à des comportements contradictoires. Par exemple, c’est l’été mais la personne se vêtit d’une écharpe et d’un manteau pour sortir car elle se pense en hiver. La désorientation spatiale peut elle aussi être très invalidante au quotidien car la personne atteinte de la maladie d’Alzheimer peut se retrouver dans un endroit qu’elle ne reconnaît plus en l’espace de quelques secondes et se perdre régulièrement.
💡 Bon à savoir
Pour pallier les difficultés liées aux troubles de l’orientation temporelle et permettre à la personne atteinte de la maladie d’Alzheimer de se repérer facilement dans le temps, il existe des horloges Alzheimer. Ce type d’horloge pourra aider votre proche à réduire son anxiété et à répondre à ses différents questionnements relatifs au temps. Selon les modèles, ces horloges peuvent afficher l’heure, la date (jour, mois et année), la période de la journée (matin, après-midi, soir) et parfois même la température de la pièce.
Par exemple, l’horloge LiNote donne des indications sur la date, l’heure et la période de la journée. Elle offre également la possibilité d’afficher un agenda qui répertorie les événements prévus au cours de la journée et de la semaine. Enfin, elle vous permet de programmer des rappels afin d’aider votre proche à ne pas oublier de prendre ses médicaments ou de se rendre à un rendez-vous, par exemple.
Des troubles des fonctions exécutives
Ils peuvent entraîner une altération des capacités à planifier, hiérarchiser et organiser les actions. En effet, ces différentes tâches dépendent de plusieurs fonctions cognitives comme l’attention, la mémoire et la concentration.
Au fil de la maladie, la personne souffrant d’Alzheimer peut alors avoir de plus en plus de mal à préparer un repas, à planifier un voyage ou à conduire, par exemple.
Des troubles du comportement
Ils sont d’une certaine façon très liés aux troubles précédemment énoncés. En effet, au début de la maladie, une personne atteinte d’Alzheimer peut avoir conscience qu’il lui arrive souvent d’oublier des choses ou qu’elle présente de plus en plus de difficultés à réaliser certaines tâches. Cette prise de conscience peut s’avérer très difficile à supporter. Lorsque ses proches lui font remarquer des oublis récurrents, ils valident d’une certaine manière que quelque chose ne va pas, ce qui peut entraîner chez elle une profonde détresse.
Ainsi, il arrive que les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer deviennent plus agitées et plus anxieuses. Il arrive aussi qu’elles se mettent plus facilement en colère. Comme la personne atteinte de la maladie d’Alzheimer doit faire face à des amnésies, elle peut également avoir un comportement moteur inadapté (par exemple, elle erre ou tourne en rond sans but apparent dans une pièce, elle ouvre des tiroirs ou des placards sans véritable raison).
Elle peut également présenter des troubles de l’appétit (changements dans ses habitudes alimentaires, perte de poids) et/ou du sommeil (difficultés à s’endormir, permutation du rythme jour/nuit). Enfin, elle peut également présenter une certaine désinhibition (emploi de mots déplacés, commentaires grossiers), et dans certains cas des idées délirantes et des hallucinations (pouvant être auditives, visuelles, sensorielles ou encore amnésiques).
Il faut savoir qu’au fil du temps, ces différents symptômes gagnent généralement en intensité. Ils peuvent donc finir par entraîner des répercussions importantes sur l’état général et l’autonomie d’une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer.
Toutefois, l’apparition et l’évolution de ces différents symptômes sont très hétérogènes d’une personne à une autre. Alors que certains symptômes arrivent très précocement chez une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer, ils peuvent rester très peu exprimés chez un autre pendant plusieurs années.
Comment se déclenche la maladie d’Alzheimer ?
Il peut parfois être difficile de savoir ce qui est à l’origine de la maladie d’Alzheimer chez son proche. Généralement, c’est l’association de plusieurs facteurs qui conduit à déclencher la maladie et ces facteurs peuvent être très variables d’une personne à une autre.
Les facteurs génétiques
Bien qu’elles soient rares, certaines formes de la maladie d’Alzheimer sont familiales et héréditaires. D’après la Fondation de Recherche pour l’Alzheimer, elles représentent environ 5% des patients qui en sont atteints.
L’apparition des symptômes se fait généralement très tôt, aux alentours de 45-50 ans et touche aussi bien les hommes que les femmes.
Les formes d’Alzheimer non-familiales et sporadiques (qui n’affectent que des personnes de façon isolée) représentent quant à elles plus de 95% des malades. Bien qu’elles ne reposent pas sur un processus héréditaire, les études montrent qu’elles semblent être constituées d’une certaine prédisposition génétique associés à des facteurs de risques. Ces formes de la maladie apparaissent plus fréquemment chez les femmes.
Les facteurs de risques
La maladie d’Alzheimer relève de facteurs multiples qui peuvent augmenter le risque de développer la maladie, sans pour autant en être la cause.
Tout d’abord, l’âge est le premier facteur de risque. En effet, d’après la Fondation de Recherche pour l’Alzheimer, il semblerait qu’à partir de 65 ans, la prévalence de la maladie d’Alzheimer double tous les 5 ans environ.
Parmi les autres facteurs de risque, on peut aussi identifier :
- un faible niveau d’instruction ;
- le sexe féminin ;
- les facteurs cardiovasculaires (comme l’hypertension artérielle, les accidents vasculaires cérébraux, le diabète, le surpoids…) ;
- les facteurs environnementaux (comme le tabac, l’alcool, certains médicaments, la pollution) ;
- les troubles du sommeil (comme les insomnies ou l’apnée du sommeil) ;
- les troubles de l’humeur (comme la dépression ou le stress chronique) ;
- une alimentation peu équilibrée associée à un manque d’activité physique et intellectuelle ;
- les antécédents de traumatismes crâniens qui auraient fragilisés le cerveau ;
- l’inflammation chronique de l’organisme, qui par une augmentation récurrente de globules blancs entraînerait aussi une réduction de certaines structures cérébrales.
La présence de lésions spécifiques dans le cerveau
D’après plusieurs études scientifiques, il semblerait que deux types de lésions soient présentes dans le cerveau des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer : des plaques amyloïdes autour des neurones et une dégénérescence neurofibrillaire à l’intérieur des neurones.
Ces deux types de lésions sont causées par des amas fibreux de protéines qui font partie du processus normal du vieillissement. Toutefois, à la différence de ceux présents dans le vieillissement normal, ces amas de protéines sont en bien plus grande quantité dans le cerveau des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.
Pour résumer très brièvement, la présence de plaques amyloïdes en grande quantité autour des neurones entraîne une moins bonne connexion entre eux et génère donc une réduction de la transmission de l’information.
De son côté, la dégénérescence neurofibrillaire se caractérise par un empilement anormal de filaments à l’intérieur des neurones.
Au fil du temps, cette dégénérescence conduit à une désorganisation des cellules et entraîne la mort d’un certain nombre de neurones.
Dans un premier temps, cette mort neuronale a lieu dans l’hippocampe (qui représente le siège de la mémoire au sein du cerveau) ainsi que dans le cortex associatif (qui se charge de traiter, d’intégrer et d’associer les informations entre elles).
Quel traitement pour la maladie d’Alzheimer ?
Pour le moment, il faut savoir qu’il n’existe pas vraiment de traitement médical qui puisse soigner une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer. Cependant, des solutions thérapeutiques pourront contribuer à en freiner la progression et à réduire l’expression de certains symptômes chez votre proche.
Les traitements médicamenteux
Les traitements médicamenteux peuvent être prescrits par un neurologue, un psychiatre ou un gériatre. Parmi ceux-ci, il est possible de retrouver plusieurs médicaments qui appartiennent soit à la famille des antiglutamates, soit à celle des anticholinestérasiques.
Les médicaments appartenant à la famille des antiglutamates permettent de réduire le risque d’aggravation vers une forme avancée de la maladie. Composé de glutamate, un neurotransmetteur qui joue un rôle important dans le transfert des informations d’un neurone à un autre, ces derniers permettent de limiter le risque de déclin de certaines fonctions cérébrales comme la mémorisation et l’apprentissage.
De leur côté, les médicaments appartenant à la famille des anticholinestérasiques contribuent à corriger une insuffisance en acétylcholine, un neurotransmetteur qui joue un rôle clé dans la mémorisation. En effet, d’après plusieurs observations scientifiques, les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer présentent toutes un déficit en acétylcholine observable dans leur cerveau.
Les traitements non médicamenteux
Pour améliorer la qualité de vie des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et préserver leur autonomie, certaines thérapies non médicamenteuses peuvent s’avérer très efficaces pour apaiser les symptômes.
Ces dernières contribueraient notamment à rompre les sentiments d’isolement et de solitude pouvant apparaître chez une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer.
Voici les principales approches non médicamenteuses qui pourront peut-être aider votre parent s’il est atteint de la maladie d’Alzheimer :
- Les thérapies centrées sur le corps
La pratique d’une activité physique régulière (comme la danse, la natation, le tennis ou encore le ping-pong, par exemple) peut être très efficace pour stimuler les fonctions cognitives comme l’attention et la mémoire.
D’un autre côté, les techniques corporelles comme la participation à des ateliers de relaxation et de massage peuvent également contribuer à réduire certains symptômes comme l’anxiété, les troubles du sommeil ou encore du comportement.
- Les thérapies centrées sur la cognition
La participation régulière à des ateliers de stimulation cognitive en groupe peut grandement aider une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer à entretenir ses fonctions cognitives, tout en améliorant sa confiance en elle et sa relation aux autres.
La participation à une rééducation neuropsychologique individualisée et effectuée par un neuropsychologue peut elle aussi contribuer à améliorer les ressources personnelles de votre proche afin de lui trouver des solutions parfaitement adaptées à ses difficultés. Cette prise en charge peut d’ailleurs être très efficace pour préserver son autonomie et permettre son maintien à domicile.
- Les thérapies centrées sur le comportement
Pour favoriser son bien-être tout en entretenant ses fonctions cognitives, il peut être aussi intéressant pour votre parent de participer à des activités basées sur les sens (comme l’aromathérapie, la luminothérapie ou encore la thérapie assistée par des animaux,…).
Les activités qui contribuent à stimuler la créativité comme la musicothérapie ou encore l’art-thérapie peuvent également être très efficaces pour libérer l’expression des émotions et ainsi réduire les troubles du comportement au quotidien.
- Une prise en charge psychologique
Pour accompagner toute personne atteinte de la maladie d’Alzheimer et son entourage à vivre avec la maladie et à faire face à son lot de difficultés, sachez qu’il est possible d’avoir recours à un soutien psychologique auprès d’un psychiatre, d’un psychologue clinicien ou d’un neuropsychologue.